Skip to main content

Les méthodes utilisées

Une approche pyramidale

La même quantité d'informations n'est pas disponible pour tous les services écosystémiques. Nous proposons donc une approche pyramidale telle que décrite dans Ten Brink (2008). La première étape consiste à décrire autant de services que possible et à leur attribuer une note qualitative. Pour ce faire, on utilise des scores qui indiquent dans quelle mesure les services écosystémiques sont fournis par une zone particulière et comment cette fourniture est affectée par des interventions spécifiques. Cela n'a pas encore été fait pour tous les services écosystémiques en raison du manque de connaissances scientifiques sur certains services écosystémiques spécifiques.

Deuxièmement, nous créons des fonctions pour une plus petite sélection de services écosystémiques afin de quantifier l'impact biophysique d'un scénario (évaluation quantitative). Cette sélection est basée sur la disponibilité des données et la crédibilité scientifique des fonctions de quantification. Les services écosystémiques pour lesquels les informations scientifiques ou le consensus sont insuffisants restent dans le premier groupe.

Enfin, sur la base de l'exercice de quantification, nous développons également des fonctions ou des chiffres clés pour un groupe encore plus restreint de services écosystémiques afin de déterminer leur valeur monétaire.

Figure: Pyramide de l'évaluation des services écosystémiques

Waarderingspiramide

L'avantage de cette approche est que nous fournissons des estimations pour un ensemble de services aussi complet que possible. Les exercices d'évaluation qui ne portent que sur un seul service écosystémique sont trompeurs. Se concentrer uniquement sur un service écosystémique, comme la pêche, peut conduire à une utilisation non durable et avoir des effets désastreux sur d'autres services écosystémiques.

De même, considérer uniquement la valeur monétaire des SE est une grande simplification de la réalité puisqu'il est couramment admis par les praticiens de l'évaluation que seule une faible partie de la valeur des bénéfices produits par les services écosystémiques peut être monétarisée (voir Figure 1). L'appréciation qualitative et l'évaluation quantitative sont d'importants concepts à considérer pour venir préciser la valeur des services écosystémiques.

L'appréciation qualitative

L'appréciation qualitative indique avec une note de 1 à 10 si un service écosystémique spécifique est important ou non dans un domaine particulier, et si ce service s'améliore ou se détériore ou non lorsqu'une politique ou un projet particulier est mis en place.

L'identification des services écosystémiques répond aux questions suivantes :

  • Quels sont les services écosystémiques fournis par les zones concernées par le projet et quelle est l'importance de ces services ?
  • Quels sont les facteurs qui déterminent l'étendue des services fournis ?
  • Ces facteurs d'influence changent-ils d'un scénario à l'autre ?

Cette méthode est principalement pragmatique et identifie les changements les plus importants dans les services écosystémiques fournis au sein d'une zone. Cette évaluation qualitative est une première étape avant la quantification des services. Elle permet de clarifier rapidement quels services écosystémiques sont pertinents et quels sont ceux qui le sont moins. Elle présente aussi l'avantage de fournir des évaluations pour une série de services pour lesquels les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas de fournir des évaluations quantitatives chiffrées.

Ces scores peuvent être utilisés pour cadrer une discussion éventuelle autour d'un projet donné. Lorsque le score pour un service donnée est élevé (> 6), cela signifie que le projet analysé présente un très fort intérêt pour la prestation de ce service écosystémique particulier et qu'il serait approprié d'examiner ce service écosystémique plus en détail, en particulier lorsqu'il y a discussion entre les parties prenantes.

L'évaluation quantitative

L'évaluation quantitative se concentre sur les données numériques : la modification des services écosystémiques résultant d'un changement d'utilisation des terres est mesurée en termes d'impact physique sur, par exemple, la production (tonnes de biomasse), la pollution (kg de réduction de la pollution) ou les loisirs (nombre de visites).

Les valeurs quantitatives expriment l'importance des services écosystémiques en termes physiques (par exemple tonnes de séquestration de C, nombre de visites par an, ...). Les fonctions de quantification appliquées prennent en compte les principaux facteurs moteurs du processus tels que la texture du sol, le niveau des eaux souterraines et le type de végétation, mais sont simplifiées pour nécessiter relativement peu de temps de calcul. Ces fonctions s'appuient sur des ensembles de données spécifiques à la région (Flandre - Belgique) et adaptées lorsque c'était possible au contexte de la région wallonne. Pour quantifier les services écosystémiques, nous traduisons les processus écologiques sous-jacents en fonctions statistiques ou en chiffres clés faciles à utiliser chaque fois que cela est possible. Dans certains cas, il faut se rappeler que les modèles proposés ici sont des modèles simplifiés qui ne remplaceront jamais les modèles complexes spécifiques. Le lecteur sera amené à se référer à ces modèles quand ceux-ci existent.

Afin de tenir compte autant que possible de l'incertitude liées aux estimations, nous essayons de fournir une fourchette de valeurs (valeur basse et haute) dans laquelle la valeur réelle se situe.

Les unités dans lesquelles les services sont quantifiés sont spécifiques à chaque service. Il n'est donc pas possible d'additionner et de comparer les services sur la base de l'évaluation quantitative. Cette méthode donne toutefois une bonne indication de la mesure dans laquelle la prestation de services change d'un scénario à l'autre puisqu'elle permet de comparer les valeurs quantitatives d'un même service entre la situation initiale et la situation projetée.

L'évaluation monétaire

La valorisation monétaire exprime l'importance en termes monétaires (€). Pour l'évaluation monétaire, différents types d'estimations sont effectués et le choix du type d'estimation dépend du service. Si les produits livrés par les écosystèmes peuvent être vendus sur un marché, ce qui est par exemple le cas pour la fourniture de services tels que la production agricole et la production de bois, les prix du marché sont utilisés. La valeur monétaire des services de régulation est évaluée avec des méthodes de préférence déclarées, des méthodes de préférence révélées, les coûts marginaux des dommages ou les coûts marginaux de réduction. Pour les services culturels c'est la valeur que les gens accordent à la nature d'un point de vue récréatif, spirituel ou émotionnel qui est estimée par des méthodes de préférence révélées ou déclarées qui ont été réalisées en Flandre.

Là aussi, lorsque nous avons plusieurs sources, nous essayons de prendre en compte l'incertitude des chiffres et de fournir une valeur basse et haute.

Les services de soutien (La fourniture d'un espace de vie aux végétaux et aux animaux et la préservation de la diversité des espèces végétales et animales, constituent des «services de soutien» et sont le fondement de tous les écosystèmes et de leurs services. http://www.fao.org/ecosystem-services-biodiversity/background/supportingservices/fr/) ne sont pas évalués séparément pour éviter le double comptage.

Attention

Les valeurs présentées dans l'outil ne sont applicables qu'en tenant compte des hypothèses formulées dans le présent manuel et sont soumises aux simplifications nécessaires pour réduire les temps de calcul de l'explorateur. Elles sont donc à analyser avec précaution.

Il est important de noter que la somme de toutes les valeurs obtenues (qualitatives, quantitatives et monétaires) ne sera jamais qu'une estimation à minima des services rendus par les écosystèmes.

Traduction sous forme d'indicateurs

L'outil fournit également des estimations sous forme d'indicateurs. Les valeurs brutes ne sont en effet pas toujours idéales pour la communication. Est-ce qu'une amélioration de stockage de carbone de 100 tonnes supplémentaire représente une amélioration sensible ou pas ? Diminuer la production alimentaire de 125 000 euros, est-ce beaucoup ou pas ?

Les chiffres de l'évaluation sont de ce fait également traduits sous forme d'indicateurs plus compréhensibles, par exemple : le stockage supplémentaire de carbone correspond aux émissions de x personnes, la production alimentaire égale aux besoins de consommation de x personnes.

Les chiffres utilisés pour le calcul de ces indicateurs proviennent du rapport MIRA concernant l'empreinte écologique de la Flandre (http://www.milieurapport.be/Upload/main/MIRA10-01_Ecologische_voetafdruk_Vlaanderen_TW.pdf) ; du modèle de coûts environnementaux (Broekx, Meynaerts, et Vercaemst 2008) et des chiffres clés des coûts externes du trafic automobile (données Copert de 2016, voir https://www.emisia.com/).