Séquestration de carbone dans la biomasse
Description
Les plantes absorbent le carbone de l'environnement et l'utilisent pour accumuler de la biomasse. Le carbone est ainsi (temporairement) retiré de l'environnement. Tous les types de végétation absorbent le carbone, mais les forêts jouent un rôle particulièrement important pour l'absorption. Dans les autres types de végétation, l'absorption du carbone est de nature plus temporaire, car le carbone est libéré dans l'environnement lorsque les plantes se décomposent.
Appréciation qualitative
Le score qualitatif pour le stockage du carbone est le même que celui qui avait été proposé pour le service de production de bois. Le score indique l’adéquation de conditions de sols spécifiques (texture, drainage, profil) pour une espèce d'arbre donnée. La façon dont cela se traduit en m³ de croissance dépend du type d'arbre.
Informations nécessaires:
Les données nécessaires d’un point de vue cartographique sont sensiblement les mêmes que celles utilisées dans le service de production de bois :
- Carte de répartition des principales essences forestières (source : Gembloux Agro bio tech, Forest is Life pour le compte du SPW).
- Carte des sols (source : carte des sols de Belgique – SPW)
Evaluation quantitative
La quantification du stockage de carbone dans la biomasse vivante se fait sur la base des valeurs de volume en m³.ha-1.an-1 dont les calculs ont été présentés dans le service de production de bois.
Ce volume fait référence au bois fort tige et pour calculer le stockage annuel de carbone, il faut ajouter au volume calculé un volume de branches et de racines. Pour ce faire, NVE utilise les facteurs d'expansion de la biomasse (BEF). Une fois le volume total de l’arbre (partie aérienne et racinaire) estimée, l’outil transforme le volume (m³.ha-1.an-1) en valeur de carbone (C.ha-1.an-1) sur base de la densité de carbone spécifique à l'espèce (exprimée en tonnes de C.m-3). La densité de carbone spécifique par essence se calcule sur base d’un facteur de densité du bois spécifique à l’essence qui est multiplié par une constante de 0.5 communément utilisée pour estimer la part de carbone stockée dans la biomasse ligneuse.
Séquestration de C (t C/ha.an)= l x BEF x f x 0,5
Où
- l = accroissement annuel moyen de bois (m³/ha) (voir service de production)
- BEF = Facteur d’expansion de la biomasse, variable en fonction de l’essence (permet notamment de prendre en compte le volume racinaire)
- f = facteur de densité du bois, variable en fonction de l’essence
- 0,5 = constante de facteur de conversion en C
Nous renvoyons le lecteur à la section relative au service de production de bois pour une discussion détaillée sur les hypothèses derrière les calculs d’accroissement en volume des essences forestières.
En Wallonie, une méthodologie d’estimation des stocks de carbone dans la biomasse a été publiée en 2013 (Latte et al. 2013). La méthode est sensiblement la même que celle qui est proposé par l’outil NVE une fois que le volume de la biomasse est connu. On notera qu’une telle estimation est également publiée dans le ‘National Forest Accounting Plan of Belgium’ (Soumis en vertu du Règlement (EU) 2018/841 relatif à la prise en compte des émissions et des absorptions de gaz à effet de serre résultant de l’utilisation des terres, du changement d’affectation des terres et de la foresterie dans le cadre d’action en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030, et modifiant le règlement (UE) no 525/2013 et la décision (UE) no 529/2013). A nouveau, si l’estimation de la quantité de carbone dans la biomasse suit la même logique que celle présentée ci-avant, l’estimation de la biomasse vivante (en m³.ha-1.an-1) est par contre elle réalisée au moyen du logiciel de simulation SIMREG sur base des données de l’inventaire forestier et diffère sensiblement de la méthodologie d’estimation des volumes proposés dans NVE (voir à ce propos la discussion relative au service de production de bois ci-avant).
Evaluation monétaire
L’évaluation monétaire réalisée transforme la valeur du carbone en valeur monétaire. La manière de procéder à déjà été présentée pour le service de stockage de carbone dans les sols.
Points d’attention
On renverra le lecteur aux points d’attention relatifs au service de production de bois.
Chiffres à utiliser
Comme pour la production de bois, les chiffres des paragraphes précédents sont combinés dans des tableaux qui peuvent être consultés sur le site web de l’outil. Pour chaque combinaison de la classe de base du sol (une combinaison de la texture du sol, de la classe de drainage et du développement du profil du sol), de l'espèce d'arbre et de la gestion, un score qualitatif, une quantité et une valeur monétaire peuvent être dérivés. Contrairement à la production de bois, la valeur ne dépend pas ici de la quantité de bois effectivement récoltée.
Tableau : Pour une série spécifique de carottes de sol à utiliser pour l'évaluation qualitative et quantitative de la biomasse de stockage du carbone.
Espèce d'arbre | Nom néerlandais | Série de carottes de sol | Qualitatif | Quantitatif Stockage de C faible BT (tonne C/ha.an) | Quantitatif Stockage de C élevé BT (tonne/ha.an) |
---|---|---|---|---|---|
2 | beuk | AAx | 2 | 0.7 | 0.5 |
2 | beuk | Aba | 10 | 1.4 | 0.8 |
2 | beuk | AbB | 10 | 1.4 | 0.8 |
2 | beuk | Abc | 8 | 1.2 | 0.7 |
2 | beuk | Abp | 10 | 1.4 | 0.8 |
2 | beuk | Abx | 10 | 1.4 | 0.8 |
Le score indique l'aptitude d'un sol spécifique à accueillir une essence spécifique. La façon dont cela se traduit en m³ de croissance dépend du type d’essence. Cela signifie que le score et le m³ de croissance ne sont pas toujours dans la même proportion. Cela a également des conséquences sur le stockage du carbone dans la biomasse.
Tableau: Évaluation monétaire : chiffres clés des coûts externes des gaz à effet de serre pour le stockage du carbone sur la période 2010-2050.
Année de référence (1) | euro/ton CO2-eq. | euro/ton C (2) |
---|---|---|
2010 | 20 | 73 |
2020 | 60 | 220 |
2030 | 100 | 366 |
2040 | 160 | 586 |
2050 | 220 | 805 |
(1) Année de référence = année d'émission ou de stockage des gaz à effet de serre (2) 1 tonne C = 3,66 tonnes C02
Pour les années intermédiaires, les chiffres clés sont interpolés linéairement. Après 2050, la valeur en 2050 s'applique. Par défaut, nous calculons dans l'outil avec une fourchette de 100€ à 366€.
Traduction sous forme d’indicateur
Les indicateurs proposés sont les mêmes que ceux du stockage de carbone dans le sol, à savoir :
- Les coûts évités pour les mesures d'atténuation des émissions de carbone. Elle est égale à la somme de l'évaluation monétaire moyenne du service de stockage du carbone dans le sol et du service de stockage du carbone dans la biomasse,
- Les émissions annuelles de carbone d'un flamand moyen : 3,55 t/an,
- Les émissions de carbone d'une voiture-kilomètre moyenne : 48 g/km.
Exemple de calcul
Une superficie de 50 ha sous sa forme actuelle comprend 25 ha de pâturages, 20 ha de terres arables et 5 ha de landes. L'objectif est de transformer cette zone en une réserve naturelle variée avec des forêts (25 ha), des prairies naturelles (20 ha) et des landes (5 ha). Cette forêt sera principalement composée de hêtres et sera gérée par les pouvoirs publics. Le sol est constitué de limon (A), qui est fortement drainé (classe de drainage b) et d'un profil à texture B horizontale (sol lessivé) (développement du profil a).
Appréciation qualitative
Pour le service de production de bois, la zone actuelle n'a pas de forêt et obtient une note de 1 sur 10. La forêt de la future zone est une combinaison de hêtres sur sols Aba. Cela donne un score de 10 pour la zone forestière ou (25 x 10 + 20 x 1 + 5 x 1) / 50 = 5,5 sur 10 pour l'ensemble de la zone (voir service de production de bois).
Evaluation quantitative
L'évaluation quantitative du hêtre sur sol Aba produit un stockage annuel de carbone dans la biomasse de 0,8 tonne de C par ha et par an ou 20 tonnes de C par an au total. On peut également le calculer manuellement en multipliant la croissance annuelle des grumes de 2,3 m³/ha par 0,37(BEF x C densité (densité x 0,5) pour le hêtre = 1,34 x 0,56 x 0,5).
Évaluation monétaire
Au total, le changement d'affectation des terres implique une valeur supplémentaire de 2 000 €/an (20 tonnes C/an x 100 €/tonne C) à 7 320 €/an (20 tonnes C/an x 366 €/tonne C).